Si je voulais me présenter en quelques lignes, voici ce que je vous dirais :
J'appartient à une famille nombreuse. Sur les six garçons, quatre d'entre eux vont s'orienter vers des carrières artistiques. Deux Architectes, un peintre et un sculpteur. Je suis l'un des Architectes. Mon métier m'a sensibilisé aux questions graphiques. J'aime le dessin, la mise en page et la typographie. Ceux qui souhaite me connaître mieux peuvent aller sur mon site nommé "Remix Meubles". Il découvriront ainsi ma passion pour le dessin des objets (voir photo N°1) et pour ma méthode : La dérive inventive. Méthode de conception qui est à la base de mon étude sur les illustrateurs "dérivés" ou "suiveurs" de Pierre Joubert.
Les aventures du "Prince Eric" se déroulent dans un milieu Scout. J'ai moi-même été Scout, mais pendant une courte période et d'une manière originale. Je n'ai été que "Chef-Scout" dans la mouvance des Scouts Marins. Ils avaient besoin d'un chef et j'étais disponible et intéressé par le mouvement. Le problème était que je ne savais pas vraiment faire du bateau. Fort heureusement, mon second était bon marin. C'est lui qui est devenu Chef après mon bref passage.
Comment ai-je découvert le Collection "Signe de Piste ? Et bien, par hasard : un de mes amis, beaucoup plus jeune que moi, avait affiché chez lui un grand poster du "Relais de la Chance au Roy". Une scène mystérieuse en clair-obscur (voir photo N°2). Un clocher arrondi domine une rangée de toits. Quelques Scouts descendent la rivière du village. Ce dessin que je considère aujourd'hui comme l'un des plus beau de Joubert, a bercé mon adolescence. J'en ai profité pour lire (en une nuit) le fabuleux roman de Jean-Louis Foncine. Je ne découvrirai "le Prince Eric" que beaucoup plus tard.
C'est donc par les dessins de Pierre Joubert que j'en suis venu, comme tant d'autres, à lire des romans Scouts. J'aurai bien voulu connaître ce fameux illustrateur J'avais plusieurs introductions privilégiées pour le rencontrer. Malheureusement, je n'ai pas profité, à l'époque, de ces relations pour essayer de voir Joubert. Je le regrette beaucoup aujourd'hui. Je crois que nous serions bien entendu !
Il a fallut attendre la retraite pour réaliser cet important travail de compilation et de comparaison sur les illustrateurs du "Prince Eric". La retraite permet d'avoir du temps pour réaliser quelque uns de ses rêves. Être le concepteur graphique d'un livre sur des illustrateurs me semblait correspondre à mes capacités. Pierre Joubert s'est imposé tout naturellement. Et, tant qu'à faire, j'ai opté pour l'un des deux thèmes fondateurs de la collection Signe de Piste : "Le Prince Eric".
Il m'a fallu, dans un premier temps, réunir tous les livres et les documents nécessaires pour ce travail. Les recherches iconographiques sont fortes amusantes ! La naissance d'une collection est une drogue douce, séduisante pour les amateurs. Voilà pour la compilation.
Reste l'idée de la comparaison !
Je suis bien placé par mon métier d'architecte pour savoir qu'une idée ne vient pas de nulle part. Les idées sont dans l'air du temps. Serge Dalens et Joubert n'ont pas créé le mythe du "Prince Eric". Avant eux, André Lichtenberger avait fait de son "Petit Roi" un succès de librairie (voir photo N°3). Pourquoi ne pas reprendre ce thème porteur ? Par contre, nos deux amis vont faire grimper cette idée d'un petit royaume dont le prince est un enfant, au rang d'un mythe tenace.
Je me suis donc intéressé aux nombreux illustrateurs qui se sont, à la suite de Joubert, emparé de ce mythe pour en faire une œuvre personnelle. Ils sont passés, parfois, par la Bande Dessinées. Un mythe n'a pas de frontière ! La juxtaposition des dessins d'artistes différents permet, en effet, de faire des comparaisons, des analogies, de mesurer les différences d'interprétation d'un même thème. Cette juxtaposition graphique est tout le sens et toute la nouveauté de mon livre.
Si la gestation d'un livre est une longue aventure, le résultat du travail entreprit est un vrai bonheur ! Tenir entre ses mains son premier livre "édité" est un moment de plaisir, vous pouvez le comprendre facilement. Passé ce moment d'euphorie, il faut prendre du recul devant le travail accompli. Suis-je satisfait du résultat ? Commençons par le papier tout court ! L'imprimeur a fait, me semble t-il, du beau travail : papier glacé, épais, d'un noir intense pour les fonds noirs, d'une belle fidélité aux couleurs. Honnêtement, rien à redire.
Voyons maintenant le contenu de l'ouvrage lui-même ! Il faut bien comprendre qu'un livre ne se fait pas seul. Plusieurs personnes participent activement à l'élaboration du "bouquin". Cette collaboration est magique. Elle vous donne l'occasion de travailler, de partager des moments forts avec d'autres intervenants d'horizons différents. Je pense, en particulier, aux remarquables préfaces d'Alain Jamot. Il est "une plume" que je ne suis pas. Je pense aux traitements graphiques des couvertures de Pierre-Henry Portron. Il nous prépare un catalogue raisonné des couvertures de tous les Signes de Piste qui fera date. Je pense aussi à tout ceux qui m'ont aidé indirectement par leurs travaux sur le sujet. En particulier Michel Bonvalet ou Jacques Dutrey.
Entouré de cette équipe professionnelle, je crois avoir réalisé un ouvrage sérieux et particulièrement agréable à regarder et à lire, même pour ceux qui ne sont pas des spécialistes du sujet.
Un autre plaisir est de rencontrer les illustrateurs encore vivants qui vont participer à votre travail. C'est une des partie les plus réjouissante de l'exercice. Ils se sont montrés accueillants au projet, m'ont donné tous les documents dont j'avais besoin et m'ont encouragé lorsqu'il le fallait.
Erik Arnoux, Emmanuel Lepage, Alain Maury, sont devenus de grands dessinateurs. Leur modestie, digne de celle de Pierre Joubert, m'a touché.
Si j'ai choisi de commencer mes travaux par le mythe du "Prince Eric", je n'ai pas oublié le deuxième grand mythe fondateur de la Collection Signe de Piste. J'ai traité le premier. Je vais traiter le deuxième. Toujours avec cette façon particulière de rassembler autour de Pierre Joubert d'autres dessinateurs ayant œuvré sur le même thème. J'ai déjà réunis des documents formidables et commencé à les mettre en situation graphique. Je vous promet de belles surprises. Avec l'expérience, le deuxième livre pourrait être meilleur que le premier. Je me bat pour qu'il en soit ainsi...
Vais-je faire appel, de nouveau, au même éditeur que pour le "Prince Eric" ? Lorsque je parle chaleureusement des Éditions Delahaye, on me traite de vil flatteur. N'ai-je pas le droit de remercier l'éditeur qui m'a fait confiance et qui m'a aidé tout au long de la construction de ce livre commun. Oui, j'espère bien travailler avec sa directrice, Agnès Fénart, sur de nouveaux projets. Cela montrera à tous qu'un éditeur au moins continu à valoriser l'œuvre de Pierre Joubert et à assurer la diffusion des Signes de Piste. Tenir une petite maison d'édition est aujourd'hui bien difficile. Ceux qui ont le courage de poursuivre ce métier doivent être encouragés, aidés, remerciés. C'est vrai pour les Editions Delahaye et pour tous les autres s'ils existent.
En dehors des deux grand mythes dont je vient de parler, j'ai plusieurs projet "sur le feu". Il y a encore beaucoup de sujets peu exploré sur Pierre Joubert. L'univers des Contes et Légendes, moins connu, constituerait un beau thème de réflexion par exemple. Et, il y en a bien d'autres...
Mais, je voudrais aussi sortir de l'œuvre de Joubert pour examiner de plus près les travaux d'autres poids lourds de l'illustration comme Pierre Forget ou Alain d'Orange. Aucun livre ne rend hommage à leurs fabuleux dessins. C'est navrant.
Qui n'est pas passionné, s'il les a lu, par les aventures de "Thierry de Royaumont" dessiné par Forget (voir photo N°4). Comment se fait-il que les enquêtes de STAN Vérèse, illustrés par Alain d'Orange soit rigoureusement inconnues du public alors que ces Bandes Dessinées sont excellentes (voir Photo N°5). Voilà des lacunes à combler.
Mais, chaque chose en son temps, je me concentre actuellement sur le volume N°2 des Mythes Joubertien : "Les Pays Perdus". Enfin, de moins en moins perdus pour moi...
Christian Dufourmantelle
Mars 2013 (également disponible sur JeuxdePiste.com)
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