Quels sont les points forts d'un roman Signe de Piste?
En réalité je ne me suis jamais posé la
question jusqu'à aujourd'hui. En ouvrant encore un peu plus la question je sens
qu'une multitude de réponses pourraient convenir tant les styles, les époques,
les trames et les personnages sont variés dans l'ensemble des ouvrages
regroupés dans le Signe de Piste. La
question est sans doute plus claire si elle est formulée de la manière suivante
: quels sont les éléments qui plaisent aux adolescents dans les signes de piste
? Il existe au moins un adolescent que j'ai
bien connu : votre serviteur. Et pour lui la réponse est claire : 1° De l'action - aventure ; 2° Des héros assez proche de lui ;
c'est à dire des ados imparfaits qui cherchent hésitent, font des erreurs mais
des jeunes qui avancent. Alors, puisque j'écris maintenant, suis-je au moins
attentif aux aspirations de cet adolescent ? En réalité avant d'écrire des romans j'ai
encadré des camps de formation éclaireurs sur le forestage et rapidement, au vu
des résultats, j'ai fini par synthétiser une méthode et écrire cette expérience
dans un manuel illustré. En vérité peu de jeunes ont accroché. Mais certains
m'ont dit l'importance de la part de rêve qu'apportaient les nombreux dessins.
Et c'est à partir de ce moment que j'ai saisi l'importance pour les jeunes de
cette projection dans l'action. le forestage n'est pas un but en soi,
l'important c'est l'action qui le sous tend. L'adolescent a besoin de rêver et
il a absolument besoin de sentir que le rêve peut devenir réalité. Si cet ado
est un peu plus qu'un simple rêveur et si on lui donne les clés de l'aventure,
il va s'y lancer. Il existe deux types de clés, les clés qui libèrent les
moyens techniques et les clés qui libèrent les moyens psychologiques c'est à
dire celles qui vont donner envie à l'adolescent de se bouger. Le rêve est à
porté de main, il n'y a plus qu'un pas à faire. Le manuel que j'avais écrit
donnait bien la clé technique du forestage, mais ne suscitait pas assez l'envie
de partir, de le faire vraiment. Pour libérer ce potentiel, pour que l'adolescent
fasse ce pas décisif il ne me restait plus qu'à décrire la vie qui allait avec
ce forestage… la vie des scouts au camp, une vie d'aventure. Voilà comment et pourquoi j'ai commencé à
écrire des histoires pour les adolescents. Ma vie se recoupant tellement avec
le scoutisme et les camps ayant tellement marqué ma vie que je n'ai pas imaginé
autre chose que des aventures pendant les camps scouts (au moins pour
commencer). Tout ce que je raconte est bien sûr enjolivé, légèrement magnifié,
la trame de l'intrigue est imaginée mais tout se base sur des faits absolument
réels et ce qu'un jeune ressent à la lecture est à peine plus fort que ce que
nous ressentions, moi-même et mes camarades à l'époque. Si nous autres,
éclaireurs, étions doués, il n'y avait pourtant en nous rien de surhumain. Si
nous avions des hauts faits à notre actif, nous avions aussi quantité
d'erreurs, de bassesses et de lâcheté parfois. Autant je crois à l'importance
de l'idéal qui nous tire et nous fait lever le regard, autant je crois
pareillement à la nécessité de border et de baliser le terrain où l'on
progresse, ce terrain terriblement réel qui nous fait quotidiennement buter. Alors l'écrivain croit avoir rempli le
contrat qu'il avait passé avec ce jeune qui vivait il y a presque 40 ans : de
l'aventure et des héros qui doutent mais qui avancent. Mais là ne s'arrêtent pas les éléments qui
font un bon Signe de Piste. Faire une
recension de tous les Signe de Piste
et en sortir tous les éléments structurant représente un travail colossal dans
lequel je ne vais pas me lancer et je vais utiliser une autre méthode. Ce n'est
qu'un point de vue et je ne prétends pas enfermer définitivement le Signe de Piste dans ce cadre mais il me
semble que cet éclairage est intéressant : je vais utiliser le filtre des 5
moteurs du scoutisme. Comme beaucoup le savent, le scoutisme est
défini par 15 éléments. Presque tous savent dire les 5 buts mais très peu
connaissent les 5 moteurs et presque personne ne connaît les 5 dimensions. Je
vais m'intéresser ici aux 5 moteurs du scoutisme. Ces 5 moteurs représentent
des centres d'intérêt particulièrement importants pour les jeunes. Animer ces
moteurs, les mettre en route permet d'éveiller l'intérêt et l'adolescent va
alors se mettre en marche de lui même. Bien qu'ils puissent varier en
puissance, ces moteurs internes se retrouvent chez tous les adolescents. Il
existe bien sûr d'autres moteurs mais comme il s'agit d'élever notre adolescent
et de réussir son passage vers l'âge adulte, on se gardera bien souvent de
mettre en œuvre ces autres moteurs. J'ai déjà évoqué le premier moteur, celui
de l'action-aventure il est trivial et ce que je pourrais ajouter ici
n'apportera rien à personne. La quasi-totalité de nos Signe de Piste proposent de l'action et c'est d'abord ça qui plait,
un bon Signe de Piste c'est avant
tout de l'action. Le second moteur c'est la bande ou plus
exactement l'appartenance à une bande. Voilà qui mérite d'être examiné car je
suis bien persuadé qu'un adolescent recherche inconsciemment cette composante
dans ses lectures. François Villars (à suivre)
Votre point de vue me paraît très pertinent ! J'ai donc hâte de lire la suite, qui nous changera sûrement des lieux communs qu'on lit habituellement sur le scoutisme, les adolescents, leur cheminement, etc.
Rédigé par : J-L L-Prost | 04 février 2010 à 10:34