(En vente sur carnet2bord)
Avez-vous une impression de déjà vu devant la couverture de « la dague et le foulard », le premier Signe de Piste d’Alain Brébant ? Moi oui.
Lorsque vous lisez le résumé au verso, ressentez-vous comme l’impression d’une mélodie familière ? Moi oui.
Lorsque vous feuilletez les pages et tombez sur une des illustrations, vous semble-t-il retrouver quelque esprit des dessins de Pierre Joubert dans les années 50 ? Moi oui.
Il flotte en effet comme un petit air d’hommage dans « la dague et le foulard ». Mais quelques mots sur l’histoire, d’abord. C’est la fin des années folles, à Paris. Arnaud est lycéen, Wolfgang fils d’un général allemand qui a tenu en respect les poilus à plusieurs reprises.
Bref, le « sale Boche » dans toute sa splendeur. Pire que ça : bavarois, culotte de cuir comprise. Il ose être blond, pas souple et pas très ouvert. Identitaire avant l’heure. Zyva, révolution conservatrice en force, yo !
Or donc notre Wolfgang identitaire se retrouve, costume folklorique compris, dans la classe d’Arnaud, fils du général rival (quel hasard…) On s’en doute, les premiers instants ne sont pas franchement cordiaux. Toute la classe déteste le grand blond. Ce sont les Montaigu et les Capulet – et peut être pour cette raison cela vire-t-il au coup de foudre platonique : quelques chapitres plus tard, Arnaud et Wolfgang sont bons amis malgré leurs familles et leurs pays. Brébant le montre bien, d’ailleurs : le monde extérieur n’a aucune importance, presque aucune personne n’est nommée, même pas cet excentrique professeur qui aime taper sur les doigts des élèves avec sa règle.
Le temps s’écoule, la guerre approche et les deux inséparables se retrouvent chaque été. Ils ignorent la grosse brute nazie qui sert de frère à Wolfgang et s’adonnent à leur passion commune : l’alpinisme. Mais au fur et à mesure que les sommets tombent, les nuages s’accumulent et Wolfgang perd un peu les pédales. La guerre viendra certainement. Ils se battront. Que se passera-t-il s’ils se retrouvent face à face ? Bien entendu, ils se retrouveront parmi les armes – et vous saurez ce qui se passe si vous lisez « la dague et le foulard » jusqu’au bout.
On peut donc lire le roman comme une histoire d’amitié romantique emportée par la guerre… ou comme un hommage respectueux aux maîtres, aux leitmotive et aux obsessions de la collection. Les jeunes y liront une aventure tragique, les vieux y verront des correspondances ultra-référentielles. Avec le face à face de Christian et Waldenheim (Dalens), avec l’ascension de la Meije (JF Pays, « la montagne interdite »), avec les amitiés franco-allemandes orageuses (Foncine), avec cette mentalité de jeunesse qui claque comme un drapeau, pratiquement inconcevable de nos jours (Pierre Labat), et sans doute encore avec plusieurs autres passages.
Bref, une très moderne copie d’ancien…
P.Sch.
Bravo et merci Mr Schneider après une évocation de Ferney un clin d'oeil à Pierre Labat pour son exceptionnel roman "Conrad" sans compter X. B. Leprince tous mes compliments
Rédigé par : Christian | 15 décembre 2011 à 09:15