Lien vers le billet précédent de F. Villars
Monde réel et imaginaire. Il n'est pas mauvais que de temps en temps les parents quittent leurs soucis quotidiens et se prêtent au jeu de ces mondes enfantins. Ça veut dire y entrer avec eux, ça veut dire jouer comme eux (de temps en temps).
L'âge de l'enfance est suivi par celui de l'adolescence. L'adolescence est ce passage à la fois lent mais terriblement court depuis l'âge d'enfant vers l'âge adulte… Et là les choses se compliquent.
Les mondes imaginaires de l'enfant s'évaporent d'un coup et celui-ci se retrouve face au monde réel. Le drame c'est que le rêve n'est plus la vie, le rêve devient soudain quelque chose d'irréel et la réalité c'est la vie. Le rêve qui structurait la vie de l'enfance ne le fait plus avancer. Alors le cadre familial ne suffit plus à l'adolescente. Le dressage lui devient insupportable (comme parfois la douceur). Je crois alors qu'éduquer un adolescent c'est parvenir à le faire rêver de quelque chose d'accessible et de l'aider à passer à l'action pour que le rêve se réalise. C'est lui apprendre le réalisme. Je n'ai pas trouvé de meilleure définition. Les parents feront comme ils l'entendent et favoriserons tel ou tel projet mais il faut que le jeune ado fasse lui-même (parfois avec de l'aide) et avec effort personnel ce qu'il a rêvé. Les éducateurs se trouvent alors face à deux difficultés majeures : - Il faut des rêves réalistes – Il faut une exécution sobre, pas trop dispendieuse. On comprend ici l'importance de l'enfance car c'est elle qui a modelé l'imaginaire de l'enfant… Et même à cet âge on peut trouver du pire et du meilleur. Nous disions que le passage à l'action est essentiel car pour grandir il faut entreprendre. Réussir est hautement souhaitable mais pas indispensable c'est la raison pour la quelle il faut avoir des rêves réalistes et mesurés. Cependant les échecs sont envisageables pourvu qu'ils ne soient pas cuisants. Passer à l'action constitue encore cette fois la poutre horizontale de cette charpente éducative. La poutre verticale consiste à faire sentir au jeune le jeu des rapports de force et d'autorité autour de lui. Car le dressage n'a plus d'efficacité. C'est la découverte de la société… Des sociétés car il en existe de multiples autour de l'adolescent. Il faut donc que notre adolescent s'y frotte et s'y fasse un peu mal. Cependant attention la justice est un élément capital. La société, les rapports de forces peuvent êtres durs mais il faut qu'ils soient justes. À cet âge les injustices sérieuses sont très mal vécues, elles peuvent même détruire l'adolescent. Le rôle des parents éducateurs est alors de les défendre contre ces injustices trop criantes. Passage à l'action, rapport d'autorité, justice : Le futur adulte va se trouver en très grande partie façonné par ce passage à travers l'adolescence. C'est pendant cette période qu'il commence à comprendre la société qui l'entoure. Et la famille à quoi sert-elle dans cette vision ? La famille est perçue de deux manières, c'est à la fois le havre de paix, la base arrière, la réserve d'affection mais c'est en même temps une société à laquelle il doit se frotter, une société régie par des rapports d'autorité. Il est évident que cette micro société sera perçue comme une référence, enviable ou détestable, pour l'action, l'autorité et la justice.
(à suivre)
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