Le dernier numéro du magazine des livres (fevrier-mars 2009) contient un dossier fort intéressant sur la littérature de jeunesse, assimilée à de la littérature pour adolescents. Point donc de club des cinq.
Est-ce un signe que ce genre souvent dédaigné gagnerait un respect nouveau dans les cercles de la littérature, comme le polar avait pu le faire il y a quelques années ? J’ai pu voir récemment aussi un titre de la collection « découvertes Gallimard » consacré au même sujet, dans lequel le Signe de Piste est royalement ignoré. Le dossier du magazine s’étale sur plusieurs pages, en couleur ; on y fait parler plusieurs personnes ; on y soulève des idées. C’est d’une certaine manière un miroir dans lequel le Signe de Piste peut essayer de se regarder.
On y débat par exemple de la mention des âges ciblés par un livre. Faut-il indiquer « 9-12 ans », « 15-18 ans » ou, comme on le faisait de manière délicieusement surannée, à la grande époque : « pour les aînés » ? La loi de 1949, omniprésente dans le dossier du magazine autant que dans l’esprit des éditeurs et directeurs de collection, ne le demande pas. Les éditeurs, selon leur mentalité, choisiront d’indiquer un âge (pour éviter des déconvenues) ou de n’en marquer aucun (les lecteurs rencontrant alors d’eux-mêmes les livres).
La segmentation de la clientèle, base de toute démarche marketing, était déjà perceptible à la grande époque du Signe de Piste, celle qu’illustre notamment le tome 2 de la série d’albums « Pierre Joubert » publié chez Delahaye – en gros, les années 50. Il y avait le roman scout, un petit peu de roman « petit chanteur », un chouïa de « cœurs vaillants » et de plus en plus de roman « jeunes en civil »…
Dans les années 2000, à l’imitation des éditeurs américains, une nouvelle catégorie de lecteurs est apparue, celle des « jeunes adultes », les 18-25 ans. L’âge d’entrée dans la vie active a augmenté ; la maturité, j’ai la faiblesse de la croire, est devenue plus tardive ; bref, les « aînés » des années 50-60 n’existent plus. Il y a, à côté, les « jeunes adultes », population encore mal cernée. Adultes, étudiants, travailleurs, conscients du monde qui les entoure, demandeurs d’une littérature plus corsée mais dont le caractère divertissant semble encore prépondérant. Est-ce un passage vers la « vraie » littérature, celle des classiques, de Flaubert, de Proust, de Claudel et autres ? On ne le sait pas encore. Toujours est-il que, hormis quelques ouvrages récents dans la veine humanitaire, je ne vois guère ce qui pourrait captiver, dans les Signe de Piste classiques, les « young adults ». La grande majorité des « rubans noirs », à mon avis, s’adressait à des 15-18 ans des trente glorieuses qui aujourd’hui n’ont plus leur équivalent.
(suite dans un prochain billet)
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