"Venez nous voir, nous vous montrerons comment nous sommes installés et ce que nous faisons", disait la voix d'Agnès Fénart, directrice des Éditions Delahaye - et donc de la collection Signe de Piste récemment revenue à la vie. Comment refuser une invitation, lorsqu'on a prêté sa plume pour quelques-unes des pages du tome III de l'intégrale des dessins réalisés par Pierre Joubert pour le Signe de Piste ?
Me voici donc sans attendre dans la micheline qui file vers Sens. Agnès Fenart m'attend à côté du quai, bicyclette en main, et nous parcourons les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la rue Carnot en devisant sur le passé de Sens, la cathédrale et la rivalité avec Auxerre, l'autre grande ville de la région.
Agnès me parle aussi de l'histoire parfois mouvementée de son entreprise : à l'origine spécialisée dans les auvents de caravanes, elle a développé ensuite une activité de toiles de tentes, puis de foulards, qui l'a peu à peu placée dans la clientèle scoute. L'édition de livres est apparue plus récemment, par souci de diversification. Quant au label Signe de Piste, il a été racheté par ce qui peut sembler un concours de circonstances et dont il faudra écrire l'histoire un jour… mais plus tard.
L'ancien banquier que je suis apprécie en connaisseur cette PME qui se bat pour vivre, comme des milliers d'autres qui constituent l'essentiel du tissu économique de notre pays. Elles ne bénéficient pas de l'attention des stars du CAC 40 ; et pourtant elles produisent de la valeur ajoutée, et pas qu'un peu. Il y a, naturellement, des bons jours et des mauvais. Mais "ce qui ne me tue pas me rend plus fort". La perte, il y a quelques années, d'un de ses clients "foulards" les plus importants a conduit Agnès à monter en toute hâte un site web de vente directe de foulards scouts, qui a atteint une population bien plus large que la clientèle d'origine. C'est en effet le lot de la plupart des PME : préserver les emplois, et y trouver de quoi faire vivre les dirigeants, deux soucis qui trouvent un écho chez cette entrepreneuse nourrie à la doctrine sociale de l'Église. (Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le terme, précisons qu'il s'agit d'un ensemble de textes et de principes, initiés par l'encyclique "Rerum Novarum" du pape Léon XIII).
Nous visitons donc le quartier général mondial des Éditions Delahaye, situé dans une maison en périphérie de la ville : une pièce pour la directrice, une pièce pour la comptabilité (les deux fonctions sont assurées par la même personne). Je peux admirer, sur le bureau, les épreuves du prochain album, consacré au Prince Éric. Des dessins inédits de Pierre Joubert, consacrés au prince norvégien le plus célèbre du monde, sortis à l'origine sur diapositives pour des scouts ou les patronages, sont reproduits pour la première fois ici. Imaginez si vous teniez une aventure inédite de Tintin en main ; eh bien, l'impression est pareille. D'ici la fin de l'année, ces pages devraient être devenues un véritable livre qui devrait satisfaire les nostalgiques tout comme les amateurs de neuf.
Un tour ensuite dans l'atelier des tentes et des auvents ; cinq ouvrières travaillent là en semaine ; la halle est encombrée de palettes de livres : "on ne sait plus trop ou les mettre". Le circuit se termine dans une réserve à faire baver d'envie tout scout bien né : c'est la caverne à Signe de Piste et à Joubert, là où les ouvrages sont emballés et expédiés. Je dois arrêter Agnès, partie pour me donner un échantillon de tout ce qui s'y trouve, ou presque : je n'ai, après tout, que deux bras.
Mais il est l'heure de reprendre le train et nous faisons le chemin en sens inverse en parlant de la politique commerciale de la collection. Ce fut une bonne matinée dans l'emploi du temps bien chargé d'une femme infatigable. Et, je dois le signaler, un retour à Paris très "mytho", absorbé par plusieurs centaines de dessins de Joubert qui finissent par danser dans ma tête - et dans celle de mon voisin de siège, qui semblait apprécier discrètement lui aussi !
Pierre Schneider
Me voici donc sans attendre dans la micheline qui file vers Sens. Agnès Fenart m'attend à côté du quai, bicyclette en main, et nous parcourons les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la rue Carnot en devisant sur le passé de Sens, la cathédrale et la rivalité avec Auxerre, l'autre grande ville de la région.
Agnès me parle aussi de l'histoire parfois mouvementée de son entreprise : à l'origine spécialisée dans les auvents de caravanes, elle a développé ensuite une activité de toiles de tentes, puis de foulards, qui l'a peu à peu placée dans la clientèle scoute. L'édition de livres est apparue plus récemment, par souci de diversification. Quant au label Signe de Piste, il a été racheté par ce qui peut sembler un concours de circonstances et dont il faudra écrire l'histoire un jour… mais plus tard.
L'ancien banquier que je suis apprécie en connaisseur cette PME qui se bat pour vivre, comme des milliers d'autres qui constituent l'essentiel du tissu économique de notre pays. Elles ne bénéficient pas de l'attention des stars du CAC 40 ; et pourtant elles produisent de la valeur ajoutée, et pas qu'un peu. Il y a, naturellement, des bons jours et des mauvais. Mais "ce qui ne me tue pas me rend plus fort". La perte, il y a quelques années, d'un de ses clients "foulards" les plus importants a conduit Agnès à monter en toute hâte un site web de vente directe de foulards scouts, qui a atteint une population bien plus large que la clientèle d'origine. C'est en effet le lot de la plupart des PME : préserver les emplois, et y trouver de quoi faire vivre les dirigeants, deux soucis qui trouvent un écho chez cette entrepreneuse nourrie à la doctrine sociale de l'Église. (Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le terme, précisons qu'il s'agit d'un ensemble de textes et de principes, initiés par l'encyclique "Rerum Novarum" du pape Léon XIII).
Nous visitons donc le quartier général mondial des Éditions Delahaye, situé dans une maison en périphérie de la ville : une pièce pour la directrice, une pièce pour la comptabilité (les deux fonctions sont assurées par la même personne). Je peux admirer, sur le bureau, les épreuves du prochain album, consacré au Prince Éric. Des dessins inédits de Pierre Joubert, consacrés au prince norvégien le plus célèbre du monde, sortis à l'origine sur diapositives pour des scouts ou les patronages, sont reproduits pour la première fois ici. Imaginez si vous teniez une aventure inédite de Tintin en main ; eh bien, l'impression est pareille. D'ici la fin de l'année, ces pages devraient être devenues un véritable livre qui devrait satisfaire les nostalgiques tout comme les amateurs de neuf.
Un tour ensuite dans l'atelier des tentes et des auvents ; cinq ouvrières travaillent là en semaine ; la halle est encombrée de palettes de livres : "on ne sait plus trop ou les mettre". Le circuit se termine dans une réserve à faire baver d'envie tout scout bien né : c'est la caverne à Signe de Piste et à Joubert, là où les ouvrages sont emballés et expédiés. Je dois arrêter Agnès, partie pour me donner un échantillon de tout ce qui s'y trouve, ou presque : je n'ai, après tout, que deux bras.
Mais il est l'heure de reprendre le train et nous faisons le chemin en sens inverse en parlant de la politique commerciale de la collection. Ce fut une bonne matinée dans l'emploi du temps bien chargé d'une femme infatigable. Et, je dois le signaler, un retour à Paris très "mytho", absorbé par plusieurs centaines de dessins de Joubert qui finissent par danser dans ma tête - et dans celle de mon voisin de siège, qui semblait apprécier discrètement lui aussi !
Pierre Schneider
Commentaires