Dix ans déjà que Jean-Louis Foncine, le plus grand auteur de romans scouts français nous a quitté, le 29 janvier 2005.
Je l’avais brièvement rencontré au milieu des années soixante-dix, et j’en garde encore un souvenir ému et reconnaissant.
Seul auteur du Signe de Piste à être repris dans une anthologie récente des romans pour adolescent dans la prestigieuse collection Bouquins (à quand la Pléiade ?), il avait su créer un univers à sa mesure, dans un style immédiatement reconnaissable.
Voilà ce que j’écrivais sur lui il y a quelques années, dans L’aventure scoute.
Alain Jamot
Foncine, Jean-Louis (pseudonyme de Pierre Lamoureux) (1912-2005)
Jean-Louis Foncine demeure l’un des auteurs de romans scouts les plus célèbres. Scout de France dès les années vingt, disciple de Léon Chancerel et de ses Comédiens Routiers, issu de la bourgeoisie lorraine, il propose en 1938 à Maurice de Lansaye un roman écrit à partir d’un jeu dramatique monté avec son complice Pierre Joubert.
Maurice de Lansaye vient de lancer la collection Signe de Piste et accepte immédiatement l’ouvrage, qui crée un scandale lors de sa parution : pour la première fois, des gosses en lutte contre l’ordre adulte et bourgeois gagnent !
Une polémique éclate dans la revue des chefs, d’où Foncine sort vainqueur, plébiscité par les lecteurs contre la hiérarchie.
Il écrit ensuite les différents tomes de son cycle des Chroniques du Pays Perdu : Le Relais de la Chance au Roy (sans doute le plus beau roman scout francophone), Le Foulard de sang, La Forêt qui n’en finit pas (originellement destiné aux filles et publié dans un éphémère satellite féminin du Signe de Piste, la collection Joyeuse).
Pendant la guerre, Foncine est fait prisonnier et reste sur le sol allemand jusqu’en 1945. D’abord dans un Oflag (où il rencontre et subit l’influence de Georges Soulès, plus connu sous le nom de Raymond Abellio), puis au sein de la Mission Bruneton, où il s’occupe d’améliorer le sort des jeunes Français échouant en Allemagne avec le STO (Service du Travail Obligatoire).
De retour en France, il devient rédacteur-en-chef de Scout (la revue de la branche Éclaireurs des Scouts de France) en 1945 et travaille avec Joubert et Michel Menu, le fondateur des Raiders-Scouts et des Patrouilles Libres, alors Commissaire National Éclaireur.
Mais son franc-parler et sa fantaisie heurtent la hiérarchie du mouvement : il s’en va et rejoint, jusqu’à sa retraite, les Éditions Alsatia.
Directeur Littéraire des Éditions Alsatia, s’occupant, avec Serge Dalens des collections Signe de Piste à partir de 1954, directeurs d’autres collections (Rubans Noirs, Feux de l’Histoire, Hippocampe, etc., traducteur, il mène également en parallèle une carrière de libraire (Librairie « Au Signe de Piste »), puis de journaliste et il partage alors son temps entre Paris et la Franche-Comté, sa patrie d’adoption (le fameux Pays Perdu).
Styliste hors pair, il ne cessera de s’adapter à son temps et ses romans suivent l’évolution du monde, évoquant les Raiders dans Les Forts et les purs, ou la réconciliation franco-allemande dans Le Glaive de Cologne.
Après la réforme des SDF en 1964 (qu’il contestera dans divers articles), il s’intéressera aux gens du voyage, à la délinquance (Les Canards sauvages, Hier la liberté) ou aux énigmes historiques (Le Lys éclaboussé).
Jean-Louis Foncine possédait une intelligence aiguë qui s’appuyait sur une culture immense et une curiosité sans cesse aux aguets : fasciné par la politique, l’Histoire, les mouvements de jeunesse, il commettra (sous le pseudonyme de Charles Vaudémont) divers articles sur l’adolescence et les sociétés secrètes, et pouvait s’enorgueillir d’être un des très rares Français à véritablement connaître la Hitlerjugend, qu’il avait approchée, et dont il avait lu la propagande lors de sa captivité en Allemagne.
Son œuvre, toujours rééditée, demeure l’un des fleurons de la littérature jeunesse en France au XXe siècle. Complexe, entrelardée d’influences multiples et parfois contradictoires, elle témoigne d’une liberté de pensée et d’un tempérament individualiste parfois quasi anarchisant.
Amoureux fou du livre et de la littérature, il consacra beaucoup de son temps à réécrire les manuscrits qu’on lui proposait pour la collection Signe de Piste.
Chroniques du Pays Perdu
La Bande des Ayacks (1938),
Le Relais de la Chance au Roy (1941)
La Forêt qui n’en finit pas (1949)
Le Foulard de Sang (1946)
Les Forts et les Purs (1951)
Le Glaive de Cologne (1954)
La Caverne aux épaves (1958)
Les Canards sauvages (1979)
Le Trésor de la Sonora (1966)
Contes des Pays Perdus (1993)
En collaboration avec Serge Dalens (et officieusement Bruno Saint-Hill) :
Le Jeu sans frontières (1947)
Les Fils de Christian (1977)
Les Enquêtes du Chat-Tigre (13 titres) (sous le pseudonyme de Mik Fondal)
En collaboration avec Antoine de Briclau :
Le Lys éclaboussé, Fleurus (1992)
En collaboration avec Jean-François Pays :
Hier, la liberté (1976)
Scouts du monde entier, éd. Bias (1955)
Un si long orage, chronique d’une jeunesse
I. Les Enfants trahis, (1995)
II. Les Eaux vertes de la Flöha, (1995).
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