Il y a cent ans ! Il faut imaginer cela. Des adolescents se voient plongés brutalement dans la guerre… et puis la révolution que suit la guerre civile ! Et si cela nous arrivait aujourd’hui ? Que ferions nous ? Fragilisées par de multiples intérêts contraires, nos sociétés sont en équilibre instable. Il en était de même dans l’Europe de 1914. On le découvre à nouveau cent ans plus tard. Ainsi, nous pouvons nous identifier d’autant plus à Pavel, à Nicolaï ou à Grigori qui furent embarqués, quatre ans plus tôt, dans une aventure incroyable, la fondation des scouts russes.
Ce livre est un roman, mais aussi la relation d’une épopée… fabuleuse et tragique.
Il sert un peu de miroir, un miroir où nous pouvons nous observer nous-mêmes ainsi que le théâtre de nôtre temps. Qu’aurions nous fait dans de pareilles circonstances ? Que ferions-nous si cela se reproduisait ?
Dès lors, on s’attache à chacun de ces jeunes héros. Leurs joies, leurs rêves, leurs angoisses ou leur douleur emportent notre empathie. Nous-nous sentons un peu de leur famille. Ils pourraient être nos grands-grands-parents , mais aussi nos frères ou nos cousins.
Pour le récit, notons que l’action se déroule sur quinze ans. Pas facile d’assurer la cohésion du texte dans ces conditions. On est loin de l’unité de temps du théâtre classique ! L’auteur, en fait, s’en sort en « sautant des étapes » et la déroule sous forme de tableaux comme on le ferait précisément au théâtre. Ainsi voit-on les enfants grandir, évoluer, prendre de la maturité jusqu’à devenir un peu trop précocement des adultes.
Une écriture fluide ayant parfois des accents poétiques offre une lecture agréable. On prend même parfois plaisir à relire un passage pour mieux apprécier la musique des mots. De plus, des descriptions somptueuses, en particulier de Saint-Pétersbourg et de ses environs, de la Sibérie, de Kiev ou de la Crimée servent le récit par leur authenticité. Visiblement, l’auteur les connaît bien.
Pour terminer, des clins d’œil à Jules Verne agrémentent accessoirement la distribution des rôles, laissant cependant le soin au lecteur d’imaginer des liens généalogiques. On pourrait par ailleurs évoquer dans ce registre le « Guerre et Paix » de Léon Tolstoï.
Emilie Poussin
« Des personnages attachants qui évoluent dans une fresque historique de la Russie au tournant de son Histoire. Une atmosphère qui n’est pas sans rappeler Le docteur Jivago et les noms de lieux qui croisent la piste de Michel Strogoff… » Jean-Pierre Michel
« Je dois vous avouer que ce roman m'a touché droit au cœur. J'espère qu'un jour il pourra devenir un film extraordinaire, joli, tendre et émotionnel. Il a tout ce qu'il faut : des paysages russes, des palais, des moments intimes et la beauté de Saint-Pétersbourg. Le style qui a étonné la première relectrice m'est venu assez spontanément. Je me suis inspiré un peu des récits de Stefan Sweig traduits par un poète russe du début du XXème siècle, Ossip Mandelstam. Mais, je répète, ce style m'a été dicté, si vous voulez, par l'esprit très raffiné du roman lui-même. Les personnages sont nobles et j'aime bien celui du jeune Bolkonsky.
Je me suis même déplacé avec mon amie sur les bords de la Slavianka et à Pavlovsk en mi-printemps pour voir un peu les paysages qui entouraient les héros. » Grigory Kaoustov, traducteur d’Ombres et lumière.