(pour voir le début de l'article, c'est ici. Rappel : premier moteur : l'action -aventure. Second moteur : l'appartenance à une bande...)
Le 3ème moteur fusionne tout ce
qui est responsabilités et tout ce qui évoque la marque du chef.
Le 4ème moteur rassemble tout ce
qui a trait à l'engagement l'honneur et le don de soi.
Enfin le 5ème moteur est tout à
fait particulier aux éclaireurs mais on peut trouver son équivalent chez les
jeunes qui ne portent pas l'uniforme. Il s'agit des techniques scoutes. Je
distille un peu de ces techniques dans mes romans, à faible dose, non pas pour
attirer notre adolescent mais simplement pour donner une cohérence technique à
mes histoires, pour faire sérieux et vrai. Je croyais que seuls les garçons
étaient réceptifs à ces allusions techniques mais j'ai été surpris de constater
que ces demoiselles l'étaient presqu'autant : adroitement émaillées dans une
histoire et avec très peu d'investissement intellectuel, ces éléments
techniques leur permettaient de rester les pieds bien accrochés dans le monde
réel tandis que leur esprit vagabondaient dans le rêve à la limite du fabuleux.
Quoiqu'il en soit, je ne crois pas que nous ayons avec ce 5ème
moteur un véritable élément caractéristique Signe
de Piste et je n'en parlerai donc plus.
L'action, moteur n° 1, est donc la
composante essentielle d'un bon Signe de
Piste et cela semble une évidence mais, en me remémorant tous ces livres
qui m'ont plu, je parviens très nettement à dégager quelque chose qui ressemble
à la bande (moteur n° 2). Le héro est presque toujours membre d'un groupe assez
fortement structuré. Bien sûr pour les scouts il s'agit de la patrouille ou de
la troupe mais pour les autres on note presque toujours cette appartenance :
classe de collège, équipage, bande véritable pour les Ayacks, famille, tribu
etc. Ce groupe possède son langage, ses codes, son uniforme, ses modes, ses
repères et le héro est intégralement membre de ce groupe bien qu'il puisse agir
en dehors de lui. Je n'ai pas souvenir d'un héro de type solitaire qui aurait
dérivé automatiquement vers le super justicier solitaire ou vers le nomade
éclairé qui refuse de se fixer. On va me rétorquer que c'est bien obligé, qu'un
type ne peut se trouver nulle part. En effet, je pense que c'est obligé pour un
Signe de Piste. Mais il me semble
discerner que de nombreux auteurs qui n'écrivent pas dans Signe de Piste brossent bien souvent des héros solitaires qui se
débattent dans leurs aventures sans ce recours à un groupe constitué. C'est
typique pour les romans policiers.
Le moteur n° 3 de l'engagement plait
également beaucoup aux adolescents et c'est quelque chose que l'on retrouve
très fréquemment dans les Signe de Piste
: L'honneur, les serments, la parole donnée et leur anti-valeurs : la bassesse,
la trahison, les reniements. Sans trop me tromper je puis avancer qu'on trouve
dans ces valeurs la presque totalité du premier niveau des trames romanesques.
L'action - aventure ne devient alors que la mise en œuvre concrète, la
conséquence obligée qu'imposent ces haut principes (ou leur transgression).
Expliqué autrement, les romans Signe de
Piste sont des histoires qui élèvent l'âme, ce sont presque toujours les
récits d'un sacrifice, d'une expiation, d'une conversion, d'un dépassement.
Le moteur n° 4 des responsabilités me
semble découler naturellement des trois précédents : Action – Aventure, Groupe
– Bande, Engagement - Honneur imposent presque obligatoirement l'idée du chef.
Et il est vrai que pour ma part, les meilleurs souvenirs de Signe de Piste intègrent tous cette
image du chef, de ce type qui prends ses responsabilités, de ce type qui
conduit l'action, ou alors de cette autorité qui dit le bien et le mal et qui
éclaire la voie.
En utilisant ces buts pour essayer de
cerner ce qu'est un bon Signe de Piste,
je ne prétends absolument pas avoir parfaitement délimité, cadré cette
collection mais plus simplement j'espère avoir donné les moyens d'une mise en
perspective intéressante. J'ai simplement essayé de trouver de l'unité dans la
richesse de la diversité des Signe de
Piste. Cependant n'oublions pas que le Signe
de Piste a débuté pour les scouts ; il serait alors bien normal qu'au
fronton de cette collection se retrouvent naturellement les valeurs et les
aspirations fondamentales des éclaireurs.
François Villars
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