Expérience professionnelle
Que puis-je retirer de mon expérience dans le milieu du travail ? Rien de vraiment extraordinaire mais des constatations très simples.
Les relations chefs subordonnés paraissent simples mais sont en réalité très complexes. Ceux qui s'imaginent qu'elles sont simples obtiennent de leurs équipes des résultats moyens ou décevants. Ceux qui, sans tomber dans la démagogie, s'attachent à viser mieux et plus haut que de simples résultats comptables obtiennent à moyen et long terme des résultats exceptionnels avec des collaborateurs normaux, je dirais même des collaborateurs "moyens".
Que faut-il faire donc de plus que diriger, planifier, ordonner, prévoir ? Une chose très simple : il faut "aimer" ses collaborateurs. Cela signifie qu'il faut chercher à les faire grandir. Vous me direz que ce n'est pas très compliqué et qu'il suffit de formation, en réalité c'est plus subtil et plus exigeant.
Faire grandir ses collaborateurs
En premier lieu il faut chercher à développer leur capacité d'analyse. Face à un problème il ne faut pas leur donner la solution toute cuite, il faut les encourager à réfléchir, à se rendre sur les lieux pour voir vraiment et comprendre le problème. Il faut encourager les essais-erreurs en bref il faut les aider à la trouver par eux-mêmes. Le chef omniscient se retire un peu et veille simplement que l'élève qui cherche reste dans les bonnes limites, qu'il ne s'égare pas et qu'il progresse dans la bonne direction. Le taux d'assimilation est proche de 100% lorsqu'on à fait par soi-même.
Développer l'analyse
En deuxième lieu il faut chercher à renforcer leur autonomie. C'est la fin du travail morcelé et des domaines réservés. De la même manière qu'on essaye de former le jugement et l'analyse de son collaborateur face à un problème, on va chercher à ouvrir son esprit et à le décloisonner, tout ça bien sûr dans des limites raisonnables. Son domaine d'action et de compétence sera ouvert au maximum, l'idéal étant qu'il sache opérer l'ensemble d'un processus sans être tributaire d'une autre personne ou d'un autre service. Cette autonomie augmentée se passe bien souvent de formation lourde, il suffit bien souvent d'apprendre de petites choses, de parler à d'autres gens, d'aller voir un peu plus loin ou derrière la cloison.
Développer l'autonomie
Les effets positifs de ces deux axes ne se font sentir qu'avec le temps mais par eux mêmes ils sont simples de mise en œuvre. Il suffit d'être disponible et de montrer l'exemple. L'équation est vraiment très simple : le chef par son attitude montre très clairement ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Si le chef passe son temps en reporting avec son chef à lui, alors c'est ça qui est important et les collaborateurs ne sont pas concernés. Si résoudre les problèmes concrets du service est important alors le chef sera sur le terrain et passera du temps avec ses collaborateurs. Si développer l'autonomie est important alors le chef sera sur ce terrain et y passera du temps avec ses collaborateurs. Le chef doit montrer l'exemple et passer du temps là où se trouve l'important. C'est la méthode la plus longue certes, la plus exigeante certes, mais c'est la seule méthode efficace.
Montrer ce qui est important
Enfin il y a une dernière façon de faire qui tient vraiment du savoir-faire. Les messages sur l'attitude ou les comportements ne passent pas s'ils sont imposés ou assénés. On aura l'impression que le collaborateur fait bien comme il faut mais dès que disparaît la contrainte, "l'habitude" cesse immédiatement. La bonne façon pour qu'une personne assimile une donnée intellectuelle, morale ou spirituelle c'est de la lui faire passer par le canal d'un support technique. Autrement dit faire un "topo" est d'un rendement très faible. Faire ensemble, traiter ensemble, marcher ensemble, s'appuyer sur un cas concret et technique permet de faire passer la façon d'être, de se comporter, de penser. Après un beau laïus on pourrait penser que les choses sont bien claires. Il n'en est rien. Les choses ne seront claires que par le passage à l'action intelligemment encadrée, lentement jour après jour. Grace au concret, aux capacités d'analyse à l'autonomie également, l'esprit devient véritablement capable d'analogie : une chose du domaine concret permet d'accéder à une autre plus complexe du domaine spirituel ou moral.
Pas de laïus, du concret.
Aucune révélation dans ces propos mais c'est ainsi que grandissent les personnes et que se structurent les esprits. Il faut s'attaquer à des problèmes et les résoudre, il faut devenir autonome, montrer ce qui est important en y investissant son temps et toujours s'appuyer sur du concret. Dans le monde professionnel se sont des adultes qui grandissent mais leurs structures de base qui leur viennent de leur enfance sont déjà en place. On pourrait alors parler de caractères acquis qui peuvent malgré tout se perdre à la longue. En revanche, la même façon de faire pour un adolescent structurera définitivement l'adulte qu'il va devenir.
À suivre :
Partie 2 le champ d'expérience familial
Partie 3 le champ d'expérience du scoutisme
Partie 4 F. Villars adolescent.
Commentaires