« Interview de Pierre Joubert | Accueil | ILS EN ONT PARLE ! »

08 décembre 2008

Commentaires

J-L BADER

L'illustrateur d'une oeuvre littéraire impose t - il aux lecteurs son image des personnages ?. Il me semble que le verbe "imposer" possède un sens trop impératif pour définir ce qui peut se nouer entre une oeuvre, son illustration et un lecteur. Ne serions nous pas en présence de phénomènes psychologiques où se construisent des perceptions nourries par l'inconscient. ?. Loin de contraindre le lecteur, les traits qu'un illustrateur prête aux personnages d'une oeuvre ouvrent au contraire l'espace d'une inter - subjectivité propice à tous les fantasmes ... N'auriez vous jamais lu "Le Petit Prince", dont le chapitre inaugural relate le souvenir du premier dessin de l'auteur ?. À l'âge de six ans, celui - ci dessina un boa avalant un éléphant dont la représentation n'effraya aucune des grandes personnes qui s'obstinèrent à n'y voir que le contour d'un chapeau... De même, les traits que P. Joubert donna au jeune Prince de Swedenborg n'épuiseront jamais les images que les lecteurs de la série du Prince Éric ne cesseront de lui superposer dans leur inconscient... C'est une vérité que les héros n'ont pas de visage, jamais plus dans la réalité que dans les romans. Le héros n'a d'autre visage que celui de qui en investi le mythe, auquel on s'identifie si profondément !. C'est d'ailleurs le ressort de l'oeuvre romanesque. C'est pour cela que "ça" fonctionne si bien !. L'apparence qu'un illustrateur donne au personnage d'une oeuvre littéraire est contingente. Elle n'est pas immanente, mais transcendante ! Pour admirable qu'elle soit, la forme qui lui donne un illustrateur n'épuise aucunement l'univers des représentations inconscientes du lecteur. Aussi ne me suis - je jamais senti prisonnier de quelques coups de crayon ou de pinceaux, même les plus habiles, car le véritable illustrateur d'une oeuvre, c'est moi lorsque j'en suis le lecteur. Mes portraits intérieurs seront toujours plus beaux, plus merveilleux que ceux des plus géniaux illustrateurs... lesquels, cependant, possèdent bien des mérites, auxquels je rends bien des égards.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.