(suite du précédent billet)
Le monde qui a le plus marqué la conscience que j'ai de mon adolescence a été le monde du scoutisme. Là ce n'était plus "peut mieux faire". J'avais de l'énergie, des idées et des projets à jet continu. Nous avions un vrai chef un peu cinglé qui nous proposait des aventures plus folles les unes que les autres. C'était la vraie vie. Pour rien au monde je n'aurais raté une sortie ou un week-end et encore moins un camp. Avec le recul je m'aperçois que nous inventions, que nous innovions en permanence en un mot que nous réinventions le scoutisme en ce sens que nous vivions des aventures taillées aux dimensions de l'époque sans jamais nous scléroser dans une tradition figée. Aux scouts "c'était possible", les rêves étaient possibles et nous les faisions arriver. Aujourd'hui mes repères chronologiques qui me restent de cette époque sont les camps et les événements de mon scoutisme. A tel point que je peux dire qu'à 17 ans j'avais déjà une histoire. Dans ce monde du scoutisme j'ai pu développer une créativité et une sensibilité peu communes qui sont encore aujourd'hui les traits majeurs de mon parcours professionnel.
Ensuite il y le monde de ma famille. Ce monde ne s'analyse pas, il était ma référence et rien de ce qui a pu y survenir n'a pu m'inquiéter ou me questionner. C'était un monde connu, prévisible, parfaitement stable. Lieu d'affections sincères et profondes bien que parfois houleuses. Jamais mon foyer ne m'a fait défaut même si, a posteriori, je m'aperçois qu'il était loin d'être parfait. Je peux dire que le monde de ma famille a comblé tout l'espace que n'avaient pas occupés mes autres mondes. C'est là que, suivant mon caractère, j'ai adopté des comportements, des habitudes mais aussi des défauts par cette vie fusionnelle avec mes parents qui étaient l'âme, le cœur, la force et le rempart du foyer. Ce monde de la famille, je le sais maintenant, a profondément marqué mon enfance et mon adolescence. Cependant cette formation, ce modelage s'est produit sans à-coups, sans heurts, sans vagues, de manière permanente et continue. En famille nous faisions des choses intéressantes, je me suis rarement ennuyé, il y avait des projets qui venaient se greffer au milieu d'une série d'habitudes bien ancrées. Une partie du comportement de mes parents est ainsi passée en moi et ce phénomène naturel s'est déroulé sur une dizaine d'années. De là vient que rien ne pouvait m'étonner dans ma famille puisque je la mesurais avec la règle qu'elle m'avait elle-même donnée.
(à suivre)
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