Signe de Piste

Comment faire grandir un adolescent, par F. Villars : le scoutisme (suite)

La vraie société de l'adolescent.

Ai-je alors besoin d'expliquer comment grandit un adolescent dans ces 5 dimensions ? Je vais tout de même m'y étendre un peu en essayant de résumer. Il n'est pas réellement nécessaire de développer les 5 moteurs, il suffit juste d'évoquer les 5 buts. Ces 5 buts peuvent se résumer en un seul qui est : "Aboutissement de la personnalité". Cette réussite passe essentiellement par le milieu dans lequel se trouve plongé l'adolescent. Ce milieu c'est une société spéciale pour adolescent, elle se définit par les 5 dimensions. Alors comment faire grandir un adolescent ? Le scoutisme avec sa méthode y parvient très efficacement de la manière suivante : C'est le faire vivre dans une vraie société, une société où il se trouve acteur et décideur. Par anticipation c'est la société qu'il va rencontrer à l'âge adulte mais c'est une société idéale et débarrassée du compliqué, du factice, du faux… En bref une société débarrassée de tout ce qui est construction rendue nécessaire par la médiocrité et le vice. Dans la société des adultes l'adolescent est constamment guidé, canalisé, encadré en permanence. Dans la société scoute il décide, il agit, il réagit, il réfléchit, il améliore. C'est là qu'il pose un maximum d'actes libres et raisonnés et c'est donc par là qu'il se construit. En d'autres mots l'adolescent apprend la vie en société en assimilant les principes avant d'apprendre les combines.

Vivre et apprendre les principes de la vie en société

Voilà comment le scoutisme fait grandir un Ado… Si le scoutisme est bien déployé par les chefs. Même lorsque le scoutisme est imparfaitement joué, on obtient tout de même ces résultats. Mais attention au modèle de société proposé : il faut évidemment un modèle dans le quel le chef commande mais ce trouve en réalité au service du bien commun et non pas un modèle dans le quel le chef commande et cherche à se faire servir. J'image déjà les réactions indignées mais l'expérience du terrain m'a montré que c'est malheureusement le cas le plus fréquent.

F. Villars

 

Dans des billets ultérieurs, après avoir examiné l'influence du milieu professionnel, de la famille et du scoutisme, François Villars évoquera sa propre expérience.

Comment faire grandir un adolescent, par F. Villars : le scoutisme

J'espère que vous avez tous passé de bonne fêtes.

 

Après le milieu professionnel et le milieu familial, François Villars examine maintenant le rôle du scoutisme dans la construction de l'adolescent

 

 

Expérience du scoutisme

J'ai passionnément vécu l'aventure du scoutisme. Cette aventure, je le sens, a profondément modelé ma personnalité sans pour autant changer ma nature. Mais c'est sur le tard que j'en ai vraiment pris conscience. Il a fallu que mes enfant entrent en scoutisme et atteignent l'engagement de chef d'unité pour que je me penche réellement sur cette méthode scoute. Jusqu'à présent, je la vivais d'instinct, je l'enseignais comme une évidence. Avec les premières difficultés rencontrées (principalement liées au monde des adultes) il a fallu que j'aide mes enfants et donc que je comprenne vraiment le génie de cette méthode. Auparavant je disais les mots, je répétais les slogans du scoutisme mais je n'avais pas vraiment plongé au cœur du système. Tout était tellement évident tellement connecté et interdépendant que le besoin de cette plongée ne s'était jamais fait ressentir.

 

Je passe directement au résultat sans m'attarder sur les méandres de mes approfondissements. Le scoutisme est assez bien connu pour ses 15 points. 5 buts, 5 moteurs et 5 dimensions. Presque tous connaissent les 5 buts, beaucoup moins connaissent les 5 moteurs

 et très peu connaissent les 5 dimensions. Et pourtant c'est principalement là que se trouve le secret du scoutisme. Pour résumer on peut dire que le scoutisme atteint les 5 buts en actionnant les 5 moteurs dans l'espace des 5 dimensions.

 

Les 5 dimensions

Elles peuvent se représenter ainsi.

Des domaines concentriques autour de la loi.

• Un territoire : la nature
• Une cité : le camp
• Une organisation sociale : le système des patrouilles
• Une autorité : la CDC – CDH
• Une loi : la loi scoute

Ainsi présentés les 5 dimensions définissent une société : la communauté d'une troupe scoute. Cette société se veut une société idéale dans le sens où il n'y a que des volontaires enthousiastes. Ceci permet en particulier d'obtenir une société simple, une société réduite à sa plus simple expression. Par exemple il n'y a pas de police ni d'armée ni d'école ni de tout ces grand corps indispensables au fonctionnement d'une société complexe. La société de la troupe scoute n'en est pas moins évoluée, toutes les fonctions sont remplies par l'un ou l'autre des membres ou par tous.

On peut résumer ces 5 dimensions par l'esprit de camp. Le camp est à comprendre dans la signification "projet de la troupe". Le camp est un élan d'un groupe constitué qui va bâtir sa ville dans une contrée éloignée. C'est ce mélange d'esprit nomade et d'esprit de conquête. Le camp c'est là où décident de s'installer ces pionniers qui ont quitté leur patrie devenue par trop inhospitalière. Le camp c'est le jeu de la civilisation vécu réellement et pleinement par les adolescents. Ces adolescents qui se sont bâti une ville et mis en place ses institution la font vivre ensuite à leur mesure. Tout y est simple, juste et vrai. La dimension du camp est essentielle, l'adolescent y teste, y apprends et finalement intègre dans ses structure mentales les mécanismes principaux de la vie en société. Le camp (et avec lui les dimensions du scoutisme) n'est donc pas simplement un lieu choisi par commodité et des activités alignées par la routine. Le camp c'est la vraie vie des jeunes. C'est la vie idéale débarrassée des subtilités des adultes qui ont progressivement été rendues nécessaires à cause de leur duplicité, de leurs combines, des grandes magouilles, des profiteurs et autre prévaricateurs. La vie du camp c'est la vie hors du monde triste et laid. Toutes les amarres qui maintenaient la communauté et chacun de ses membres au reste du monde ont été larguées. Le bateau vogue seul dans l'océan. Et personne n'a envie de renouer avec la société qu'on vient de quitter. On laisse derrière soi cette agitation, ces leurres, ces bassesses et ces facilités. Le camp c'est la paix, c'est la tranquillité de l'ordre mais c'est aussi cet élan fougueux vers la découverte, vers l'affrontement de soi. Le camp c'est la vraie vie, les 5 dimensions du scoutisme définissent la vraie vie et la vraie société de l'adolescent.

 

(à suivre)

 

Comment faire grandir un adolescent, par F. Villars (suite)

Lien vers le billet précédent de F. Villars

 

Monde réel et imaginaire. Il n'est pas mauvais que de temps en temps les parents quittent leurs soucis quotidiens et se prêtent au jeu de ces mondes enfantins. Ça veut dire y entrer avec eux, ça veut dire jouer comme eux (de temps en temps).

L'âge de l'enfance est suivi par celui de l'adolescence. L'adolescence est ce passage à la fois lent mais terriblement court depuis l'âge d'enfant vers l'âge adulte… Et là les choses se compliquent.

Les mondes imaginaires de l'enfant s'évaporent d'un coup et celui-ci se retrouve face au monde réel. Le drame c'est que le rêve n'est plus la vie, le rêve devient soudain quelque chose d'irréel et la réalité c'est la vie. Le rêve qui structurait la vie de l'enfance ne le fait plus avancer. Alors le cadre familial ne suffit plus à l'adolescente. Le dressage lui devient insupportable (comme parfois la douceur). Je crois alors qu'éduquer un adolescent c'est parvenir à le faire rêver de quelque chose d'accessible et de l'aider à passer à l'action pour que le rêve se réalise.  C'est lui apprendre le réalisme. Je n'ai pas trouvé de meilleure définition. Les parents feront comme ils l'entendent et favoriserons tel ou tel projet mais il faut que le jeune ado fasse lui-même (parfois avec de l'aide) et avec effort personnel ce qu'il a rêvé. Les éducateurs se trouvent alors face à deux difficultés majeures : - Il faut des rêves réalistes – Il faut une exécution sobre, pas trop dispendieuse. On comprend ici l'importance de l'enfance car c'est elle qui a modelé l'imaginaire de l'enfant… Et même à cet âge on peut trouver du pire et du meilleur. Nous disions que le passage à l'action est essentiel car pour grandir il faut entreprendre. Réussir est hautement souhaitable mais pas indispensable c'est la raison pour la quelle il faut avoir des rêves réalistes et mesurés. Cependant les échecs sont envisageables pourvu qu'ils ne soient pas cuisants. Passer à l'action constitue encore cette fois la poutre horizontale de cette charpente éducative. La poutre verticale consiste à faire sentir au jeune le jeu des rapports de force et d'autorité autour de lui. Car le dressage n'a plus d'efficacité. C'est la découverte de la société… Des sociétés car il en existe de multiples autour de l'adolescent. Il faut donc que notre adolescent s'y frotte et s'y fasse un peu mal. Cependant attention la justice est un élément capital. La société, les rapports de forces peuvent êtres durs mais il faut qu'ils soient justes. À cet âge les injustices sérieuses sont très mal vécues, elles peuvent même détruire l'adolescent. Le rôle des parents éducateurs est alors de les défendre contre ces injustices trop criantes. Passage à l'action, rapport d'autorité, justice : Le futur adulte va se trouver en très grande partie façonné par ce passage à travers l'adolescence. C'est pendant cette période qu'il commence à comprendre la société qui l'entoure. Et la famille à quoi sert-elle dans cette vision ? La famille est perçue de deux manières, c'est à la fois le havre de paix, la base arrière, la réserve d'affection mais c'est en même temps une société à laquelle il doit se frotter, une société régie par des rapports d'autorité. Il est évident que cette micro société sera perçue comme une référence, enviable ou détestable, pour l'action, l'autorité et la justice.  

(à suivre)

Pierre Joubert : la télé en parle

Du fin fond des Yvelines, il y a quelques semaines déjà, la chaîne locale TVFIL 78 nous a parlé de l'exposition Joubert au musée Lambinet (plus qu'aujourd'hui et demain pour aller la voir...)

C'est ici : lien vers le journal TVFIL78 du 10 novembre

Rattrapage : Jean Cueilleron

Comme les boursiers, faisons un rallye de fin d'année avec toutes les nouvelles que je n'ai pas encore eu le temps de vous communiquer.

C'est une nouvelle triste tout d'abord, puisque Jean Cueilleron, le père de la saga "Mission ADN" qui avait eclairé (avec un dernier Eric de Serge Dalens et le "lys écarlate" de Foncine et Briclau) l'une des relances du Signe de Piste dans les années 90, n'est plus.

C'était en Novembre ; Jean Cueilleron était le dernier (pour l'instant) à avoir donné plusieurs volumes de science fiction à la collection.

Une fiche de lecture sur le site Jeux de Piste.

 

Expo Joubert : derniers jours

L'exposition Pierre Joubert à Versailles, acclamée en plusieurs endroits, joue les prolongations jusqu'au 23 décembre.

Tous les renseignements ici