Jean-Claude Alain est décédé le 1er février 2009.
Nous avons demandé à Alain Gout, directeur
littéraire des Editions Delahaye et, depuis de nombreuses années, de Signe de
Piste, d'évoquer sa mémoire :
" C'est quelqu'un que j'ai vraiment découvert
(je parle de l'homme, pas de ses oeuvres, lues pour une bonne part depuis bien
longtemps), entre 1998 et 2003, c'est-à-dire tardivement, pendant ma période
Editions Alain Gout. Auparavant, je ne l'avais pas approché, accaparé par
d'autres manuscrits, d'autres auteurs, les différentes relances du Signe de
Piste.
Je gardais cette rencontre sous le coude, et
quand le jour est venu, j'ai découvert un homme d'une grande qualité de contact,
chaleureux, encourageant et épaulant de son mieux son (très petit) éditeur du
moment (qui en avait bien besoin). Un homme pas du tout imbu de lui-même
malgré le catalogue impressionnant de ses oeuvres et son propre passé
d'éditeur (il fonda et dirigea la collection Jamboree chez Spes, le seul vrai
concurrent du Signe de Piste), un auteur très souple et conciliant quand je lui
proposais des modifications lors d'une réédition ou sur un manuscrit inédit.
C'était aussi quelqu'un de très ouvert au monde, et toujours à l'affût des
problèmes des jeunes dans le monde d'aujourd'hui comme en témoigne son tout
dernier et poignant roman : "Du même sang toi et moi", tournant autour des
thèmes du sida, du judaïsme et de tout ce qui fait l'univers des lycées
d'aujourd'hui. Mais déjà, il y a plus de 50 ans, son "Mikhaïl prince
d'Hallmark" était d'une modernité et d'un engagement assez exceptionnel pour son
époque : un prince qui ne vit pas pour préserver son trône mais pour aimer et
protéger son peuple, et qui lutte, jusqu'au goulag contre une puissance de
l'Est, en 1953, c'était non seulement très ''moderne'', mais aussi assez osé
dans la petite république des lettres enfantines...
L'inventaire des oeuvres de Jean-Claude Alain
est impressionnante, au point que pour ne pas trop envahir le catalogue de la
collection Jamboree il dut multiplier les pseudonymes ! Jugez-en, même si la
liste complète est un peu fastidieuse, mais c'est justement sa longueur qui
permet de jauger de la prolixité de cet auteur peu commun :
AUX ÉDITIONS ALSATIA
Collection SIGNE DE PISTE
L’ÉTRANGER, récit.
L’ETRANGER DANS LA PATROUILLE, roman.
LA MAISON DU BORD DES SABLES, roman.
L’ÉQUIPIER, récit.
PORT DES BRUMES, roman.
L’ÉTRANGER, récit.
L’ETRANGER DANS LA PATROUILLE, roman.
LA MAISON DU BORD DES SABLES, roman.
L’ÉQUIPIER, récit.
PORT DES BRUMES, roman.
Collection SAFARI-SIGNE DE
PISTE
SHAWN-LA-BALEINE, roman.
SOL Y SOMBRA, récit.
SHAWN-LA-BALEINE, roman.
SOL Y SOMBRA, récit.
LA MARQUE DE SANG, roman.
MIKHAIL PRINCE D’HALLMARK, roman.
LE CHEMIN SANS ETOILES, roman.
LA FIN D’HALLMARK, roman.
LE FILS DU LAC, roman.
LE ROI MEZEL, récit. (En collaboration avec Alain ARVEL.)
GROUPE DU SAINT-SANG, récit.
LE ROYAUME PRES DE LA MER, récit.
PIERROT LUNAIRE, récit.
LA PISTE 116, roman.
LE JEU DES ROIS, roman.
MIKHAIL PRINCE D’HALLMARK, roman.
LE CHEMIN SANS ETOILES, roman.
LA FIN D’HALLMARK, roman.
LE FILS DU LAC, roman.
LE ROI MEZEL, récit. (En collaboration avec Alain ARVEL.)
GROUPE DU SAINT-SANG, récit.
LE ROYAUME PRES DE LA MER, récit.
PIERROT LUNAIRE, récit.
LA PISTE 116, roman.
LE JEU DES ROIS, roman.
AUX ÉDITIONS CASTERMAN (RAMEAU VERT)
LA NUIT MERVEILLEUSE DE LA CIGOGNE, roman.
LA NUIT MERVEILLEUSE DE LA CIGOGNE, roman.
AUX ÉDITIONS J. DE GIGORD
(Collection FEU DE CAMP)
(Collection FEU DE CAMP)
LA NUIT DES SAINTS INNOCENTS, roman.
AUX ÉDITIONS DU SOLEIL LEVANT
(Belgique)
LES CONTES DE L’ÉTRANGER.
DEMAIN IL FERA JOUR, roman.
LE JEU DES TEMPLIERS, roman.
DEMAIN IL FERA JOUR, roman.
LE JEU DES TEMPLIERS, roman.
AUX ÉDITIONS DUMAS (JEUNES DE FRANCE)
L’ENFANT DES TÉNÈBRES, roman.
AUX PRESSES DE LA CITE (Rouge et
Noire)
LES ENFANTS DE DUBLIN.
AUX ÉDITIONS ALAIN GOUT (COUREURS
D’AVENTURES)
DANS L’OMBRE D’UN AUTRE, roman.
L’ETUDIANT DE PRAGUE, roman.
DU MÊME SANG TOI ET MOI, roman.
L’ETUDIANT DE PRAGUE, roman.
DU MÊME SANG TOI ET MOI, roman.
et enfin, cerise sur le gâteau, l'introuvable et
mythique : "Le Livre des enfants morts".
" Au total, on doit arriver, à quelque chose
près, au total des romans de Dalens et Foncine réunis. une vie d'écrivain bien
remplie. Et riche, car si certains titres ont vieilli, d'autres sont restés
étonnament modernes et lisibles. J'avais eu le bonheur d'en rééditer quelques
uns, en Editions Alain Gout, et projeté d'en rééditer un grand nombre d'autres
qui me semblaient toujours actuels. Le temps m'a manqué, mais Delahaye a pris le
relais, et publié déjà "Sol y sombra'', qui sera, je l'espère, suivi de beaucoup
d'autres.
Ces romans méritent de poursuivre leur carrière
: Jean-Claude Alain n'avait pas son pareil pour explorer l'âme adolescente,
décrire les tourments et combats intérieurs, les luttes sociales, la fraternité
scoute, parfois avec beaucoup, beaucoup de pathos (la recette fait vendre !).
Il n'hésitait pas à placer ses
personnages dans des situations à la limite du vraisemblable (mais chacun sait
que la réalité dépasse la fiction), le sommet étant sans doute atteint dans
cette "Maison du bord des sables" où une mère loue les services d'un garçon de
13 ans afin qu'il remplace son fils mort pour aider à maintenir en vie son mari
aveugle..., lequel mari est au courant du subterfuge depuis le premier jour et
ne dit rien par amour pour sa femme qu'il veut aider ainsi à surmonter son deuil
et à se reconstruire ! Mais l'enfant mort était un mauvais fils, tandis que le
fils de substitution est un bon petit : haine de la mère, torture morale du
gamin coincé entre ses deux personnages, puis catharsis et rédemption finale de
la mère. Rideau. Ouf ! On est dans le prolongement du roman populaire à la sauce
jeunesse, et, résumé ainsi, c'est assez improbable, voire insupportable, et
pourtant, et c'est la marque des grands écrivains, Jean-Claude Alain réussit,
dans ce méli tendance mélo, à accrocher son lecteur et à le tenir en haleine
jusqu'à la happy end. Il avait ce talent, mais il savait aussi sortir
de genre melo opera pour revenir au réel : "Du même sang toi et moi" est un chef
d'oeuvre de dépouillement et de sincérité dans la narration : les deux extrêmes
d'un même art.
Il avait, aussi, comme Jean-Louis Foncine,
l'art du titre frappé comme une médaille : "Le Livre des enfants morts", "La
Marque de sang", "Le Jeu des rois", 'L'Enfant des ténèbres", son oeuvre est un
chapelet de titres tantôt choc, tantôt intincelant, tantôt séducteur. Cela sonne
clair et net, afin d'exercer un pouvoir de fascination sur le lecteur et de
l'amener à entrer dans le roman.
Il a rejoint le paradis des écrivains.
Raison de plus pour courir les bouquinistes
pour rechercher tous ces trésors : les lire ou les relire permettra à ses fans
de le garder bien vivant ".
Alain Gout
Vous êtes sûr qu'Albert Camus est un pseudonyme de Jean-Lionel Leopold? C'est sous ce nom qu'il a écrit "L'Etranger", non?
Rédigé par : Jacques Dutrey | 07 avril 2009 à 19:02
Je suis très heureux que M. Alain Gout évoque dans son commentaire "La Maison du Bord des Sable" car ce manuscrit fut revue et modifié par Georges Ferney.
Rédigé par : Christian | 24 juin 2010 à 13:09