Non, l’actualité du Signe de Piste n’est pas complètement
plate en ces semaines de vacances où Paris semble s’être vidé de ses parisiens,
de ses événements voire de ses bouchons, que Paris-Plage contribue à déplacer
sur le périphérique, même en soirée, même en août…
Nos lecteurs ont déjà entendu parler, je suppose, de la
disparition de Philippe Avron, homme de théâtre (ironiquement, « je suis
un saumon » figura dans ma bibliothèque avant ses Signe de Piste) mais
aussi l’un des rares auteurs de la collection, avec « le coup
d’envoi », à avoir parlé d’une passion qui n’a rien de minoritaire chez
les jeunes, d’aujourd’hui comme d’hier : le football. Un journaliste l’a
récemment comparé à Laurent Terzieff, également disparu il y a peu et, comme
lui, n’ayant prêté que peu prise au star-system.
Restons entre gens de bonne compagnie avec l’évocation, par
l’animateur de la meilleure émission de critique littéraire qui soit, Jérôme
Garcin, de son mentor François-Régis Bastide. Le personnage avait fait l’objet
d’un livre il y a quelques temps, livre qui avait fait lui-même l’objet d’un
article dans un magazine, trop débordant de jeux de mots pour qu’on y décèle un
quelconque message. C’est d’autant plus bienvenue, alors, que l’allusion
suivante à Bertrand Poirot=Delpech frappa notre rétine :
« Aux deux
mousquetaires s’en ajoute un troisième : Poirot-Delpech. Tout droit sorti d’un
« Signe de piste », protégé de Mauriac, grand dadais pas si niais, plutôt
caustique, Poirot n’est pas hercule pour un rond. On le croit Aramis, c’est
Rochefort. Toujours en quête d’un mauvais coup. Et d’une place sous la
Coupole. »
Cela peut encore se lire ici :
http://www.parismatch.com/Culture-Match/Livres/Actu/L-eleve-Garcin-rend-hommage-au-maitre-Bastide.-69995/
Pour un peu, on en déduirait que le Signe de Piste mène à
tout.
Mais il faut surtout mentionner, lu dans un récent Figaro,
cet ouvrage discret sur les promenades de Pagnol dans la campagne marseillaise.
Avant que de songer à monter sur le Garlaban « du temps des derniers
chevriers », il fallait marcher depuis la Barasse (arrêt du tramway) à la
Treille (maison de campagne des Pagnol). Usines diverses, autoroute,
lotissements peints en rose-ocre, seul le canal de Marseille reste des temps
perdus et du pays perdu du jeune Marcel – qui allait lui aussi finir sous la
Coupole. C’est ce domaine désormais imaginaire qu’explore Bruno Lizé.
Comment ne pas penser alors au Pays Perdu de Foncine, qui
s’est également perdu dans le temps et les souvenirs de ceux qui savent encore
où se trouvait quoi ? Bruno Lizé ne l’a pas ignoré, lui qui répond dans un
commentaire : « Les « Souvenirs d'Enfance » de Marcel
Pagnol, traduits en plus de vingt langues, comme d'autres « romans
d'apprentissage » qui évoquent plus particulièrement les années précédant
les grands conflits du XXème siècle (« Le Grand Meaulnes »,
« Les Chroniques du Pays Perdu » de J.L. Foncine dans la collection
« Signe de Piste »), recèlent ainsi ce pouvoir étrange de
« charmer » le lecteur, en invoquant parfois à son insu les fantômes
de sa propre histoire. »
Disons-le : nous sommes bien heureux de voir mettre
Foncine sur le même plan qu’Alain-Fournier : il le mérite, comme il mérite
d’être rejoint dans cette énumération par d’autres magiciens du rêve de la
jeunesse, tels qu’Henri Bosco ou le Roger Vrigny de « Barbegal », un
beau livre bien oublié, hélas !
La recension du livre du Bruno Lizé est ici :
http://www.lefigaro.fr/livres/2010/07/28/03005-20100728ARTFIG00349--la-source-de-pagnol.php