Signe de Piste

L'Hiver des Innocents

Reçu le message suivant d'un de nos fervents lecteurs parisiens, avec preuve à l'appui:

"L'hiver des Innocents" est désormais une "préférence La Procure" !

Serge Dalens

(photo © sdp-livres.com)

Il y a quinze ans disparaissait Serge Dalens. Eh oui, et il n'y a pas eu de célébration, de commémoration... Mais en a-t-il besoin, celui dont les livres s'échangent encore parfois au prix de la truffe (pour les éditions originales) chez les bouquinistes ?

Sans lui, le Signe de Piste n'aurait pas été le même, tant sa série mythique "Le Prince Éric" a symbolisé la collection pour des générations, même si cela se faisait parfois au détriment des centaines d'auteurs tout aussi talentueux qu'il côtoyait sur les rayonnages des bibliothèques.

Écrivain superbe, il savait aussi entretenir sa propre légende, et mélanger allègrement vie professionnelle, familiale, artistique, politique, lumière et ombre dans un joyeux charivari parfois difficile à reconstituer.

Scout dans l'âme, il resta sa vie durant fidèle au mouvement, à travers ses différentes incarnations.

Auteur plus complexe qu'il n'y paraît, il sut s'éloigner d'Éric et Christian pour bâtir d'autres mondes et évoquer d'autres temps, qui connurent moins de succès cependant, écrasés par la légende omniprésente du Prince Éric.

Ses livres aujourd'hui éparpillés, réimprimés parfois sans les illustrations de son frère Pierre Joubert, se sentent probablement orphelins de ne plus figurer au Signe de Piste. Les hommes sont parfois cruels de vouloir changer l'histoire de ceux qui ne sont plus…

Mais qu'importe après tout, tant que se propage encore et encore la magie de son verbe, et de son esprit…

Franz Savigny

À Dieu, Christian…

En cette fin d’été, nous apprenons avec une très grande tristesse la mort accidentelle le 24 août dernier à L’île-aux-Moines de Christian DUFOURMANTELLE, à l’âge de 66 ans !

Nos pensées vont en premier lieu à son épouse Christine, et à ses quatre filles : Sophie, Noémie, Alice et Félicie. Nous leur adressons nos sincères condoléances, et les assurons de nos affectueuses pensées et nos prières dans cette année 2013 déjà assombrie par le décès au printemps de leur gendre et époux.

Le sourire, l’enthousiasme de Christian va nous manquer !

C’est en 2011, que Christian, jeune retraité, m’a contacté pour me soumettre son projet d’ouvrage sur LE PRINCE ÉRIC, avec une nouvelle approche.

Il voulait relier les illustrations de la mythique série de Serge Dalens, de la Collection Signe de Piste, par une lecture transversale, à travers les dessins de Pierre Joubert, mais également de Francis Bergèse, d’Alain d’Orange et d'Erik Arnoux.

Lors de notre première rencontre à Sens, il arriva fièrement avec une maquette réalisée seul, pour me permettre de visualiser concrètement l’intérêt d’une telle lecture.

Je fus admirative de son enthousiasme, et de cette maquette entièrement réalisée sur Photoshop. Ce n’était pas le meilleur outil pour une telle maquette, et je réalisais d’autant mieux le travail déjà accompli pour une première version.

Il n’eut donc aucun mal à me convaincre. Je le laissais repartir vers sa ville d’origine, Nantes, heureux, avec une seule consigne : « Si vous voulez finaliser un tel projet, je n’ai qu’une demande : l’obligation de réaliser l’ouvrage sur un outil d’édition approprié : Indesign ».

Nullement effrayé par l’assimilation d’un tel logiciel, il repartit motivé, avec l’idée d’apprendre ce nouvel outil, aidé par l'une de ses filles.

Riche de son expérience professionnelle d’architecte des Bâtiments de France, qui exige rigueur, patience et précision, il apprit, à une vitesse impressionnante. Je fus alors très surprise quand je découvris très rapidement la concrétisation de son projet.

Son travail fut ainsi récompensé par la sortie dès le mois d’octobre 2012 de son précieux album « LE PRINCE ÉRIC, Des illustrateurs pour un mythe ».

Toujours « moteur » dans ces projets, sachant fédérer autour de lui un travail collaboratif, il adressa, dès la sortie de l’album, en service de presse, nombre d’exemplaires à ses amis et connaissances, avec une dédicace personnalisée pour chacun d’eux.

Il m’entraîna ensuite dans un nouveau projet : réaliser un autre album, sur le même concept, avec les illustrations de l’autre série mythique du Signe de Piste, soit « La Chronique du Pays Perdu » de Jean-Louis Foncine. Lors de notre dernier échange téléphonique en juillet dernier, il partageait avec moi l’état d’avancement de ce nouvel album. Hélas, la vie a en décidé autrement, et interrompt ce projet.

La nouvelle de son retour à la Vie Éternelle est pour nous, l’ensemble de l’équipe des Éditions DELAHAYE, un « tsunami » : nous n’entendrons plus jamais la voix enjouée et TOUJOURS positive de Christian, qui faisait partie de ces « Bienveillants » qui, présences rares et précieuses, accompagnent et protègent le Signe de Piste…

Christian, continue à exercer ta BIENVEILLANCE, de là-haut, sur ton épouse, tes filles, ton petit-fils, tes amis, et nous !!!

Agnès FENART

Signe de Piste et Histoire (2)

Peut-être avez-vous, comme nous, entendu ces rumeurs autour de La Blanche, ce très beau roman de Serge Dalens, publié aux éditions Le sang de la terre, puis aux éditions du Triomphe, dans les années 90. Quel dommage que la collection n'ait pu accueillir ce digne successeur des Voleurs, nous lamentions-nous...

Un ancien racontait même que Dalens avait été refusé, alors qu'il ne dirigeait plus la collection, car son roman n'aurait pas assez collé à l'air du temps... Dalens refusé au SDP, l'auteur du Bracelet ???

Et voici qu'un ami nous envoie le cliché suivant: un prospectus du Signe de Piste, probablement de la fin des années 80, annonçant la parution de La Blanche !!!

Le prospectus

Détail du prospectus

Etonnant, non ? Il semblerait plus prosaïquement que ce ne soit pas une décision éditoriale qui ait eu raison de ce roman, et que cela soit tout simplement un dommage collatéral d'un des multiples changements d'éditeur dont la collection fut la victime dans les années 80/90... encore une légende qui s'évapore, pssssssshit !

Signe de Piste et Histoire (1)

Le Signe de Piste a, comme toutes les réalisations qui dépassent l'existence d'un homme, sa part de mystères et de légendes. Ainsi sur l'origine même de son nom. Nous republions un article d'Alain Jamot sur ce point, paru autrefois sur un site d'amateurs.

(Extrait de « Souvenirs en vrac », Pierre Joubert )

« Juste avant la parution du Bracelet de Vermeil, que devait suivre d’assez près La Bande des Ayacks de Jean-Louis Foncine, je fus un peu responsable de l’appellation contrôlée de la collection.
Les éditions Alsatia, en effet, désiraient lancer une nouvelle série pour accueillir les premiers manuscrits de Larigaudie, le roman indianiste de G.Gerbelaud Salagnac, Sous le signe de la Tortue, et le fameux Bracelet de Vermeil.
Nous eûmes, Jacques Michel et moi, une entrevue avec les directeurs parisiens et alsaciens de la firme. Là, je planchais pour trouver un sigle, m’inspirant d’un tas de motifs : scouts, héraldiques, idéographiques… Tout à coup vint tout naturellement sous mon crayon le tipi indien stylisé surmontant une flèche.
- C’est beau çà ! Qu’est-ce que c’est ? demanda la directrice de Paris, mademoiselle Gilleron.
- Euh…C’est un signe utilisé par les éclaireurs. Cela veut dire : camp dans cette direction.
- C’est trop long ! On ne peut pas l’appeler autrement ?
- Ma foi c’est un signe comme un autre. Chez nous on dit que c’est un signe de piste.
- Eh bien voilà, signe de piste…c’est merveilleux çà ; « Signe de Piste » ! Et puis la tente et la flèche, superbe… Adopté !
Ainsi naquit la collection qui a dû publier dans les six millions de volumes. »

Eh oui ainsi s’écrivent les légendes. Pour l’ Histoire, c’est autre chose… Ce que ne précise pas Pierre Joubert, c’est qu’ un responsable des Scouts de France, le commissaire Jacques de Noirmont, avait déjà écrit sous ce titre une nouvelle scoute , publiée après sa mort en 1935 par Jacques Michel dans le recueil « le Signe de Piste », aux éditions Alsatia… Or Jacques Michel, premier directeur du Signe de Piste, ne pouvait pas ne pas en parler à Joubert.

Donc un doute flottait en moi. Des amis spécialistes émirent l’ idée de « découverte successive », « flou artistique », bref la paternité du concept liant signe de piste et littérature scoute restait mystérieuse…
Jusqu’ au jour où j’ ouvris le n° du Scout De France du 15 Août 1933, page 295, où l'on trouve la première partie de la nouvelle "Le signe de piste" de Jacques de Noirmont illustrée par...Pierre Joubert himself !!! Ah, les grands hommes, on les aime aussi pour leurs petits secrets !